Alternance : « Maurice Kamto, représente pour Paul Biya aujourd’hui, l’alternative la plus sûre » Me Amedee Dimitri
La succession de Paul Biya est depuis quelques temps plus
que jamais à l’ordre du jour. Le débat a en effet été relancé par la démarche
des militants du RDPC, qui ont envoyé une missive au sérail, réclamant la
candidature de l’actuel Chef de l’Etat en 2025.
Mais quel challenger pour prendre la relève de Paul Biya, au pouvoir depuis 37
ans ?
A en croire l’avocat et analyste politique Me Amedee
Dimitri, seul Maurice Kamto, le leader du Mouvement pour la Renaissance du
Cameroun, serait le candidat éligible aux prochaines élections présidentielles.
Dans une publication sur les réseaux sociaux, Me Amedee
Dimitri dresse un bilan sans complaisance des 39 années de règne du président
Paul Biya sur le Cameroun. Son diagnostic est sans équivoque.
« Le Cameroun sur lequel règne sans partage depuis 40
années, le dictateur Paul BIYA, est aujourd’hui un pays dépouillé, dévasté,
effondré, divisé, déchiré, humilié, endeuillé par le génocide le plus stupide
de l’ère moderne. Une curiosité politique qui a résolument remplacé le mot
DÉVELOPPEMENT par ENSAUVAGEMENT. Un pays jadis florissant, qui n’offre plus au
monde que le spectacle pathétique d’un État barbare, outrageusement méchant et
dangereux », pose d’emblée Me Amedee Dimitri.
Selon l’avocat, la fin de règne de Paul Biya est
inéluctable. « (…) L’édifice BIYA s’effrite, se fissure, se désagrège et
bientôt s’effondrera.La question qui objectivement hante tous les observateurs
sérieux, n’est plus celle de savoir si la chute se produira, mais c’est celle
du contrôle et de l’orientation de la chute. »
Dans sa longue analyse, Me Amedee Dimitri présente, dans la
perspective d’une succession, le président du Mouvement pour la renaissance du
Cameroun (Mrc), Maurice Kamto, comme « l’alternative la plus sûre »
pour le président Paul Biya
Voici l’intégralité de sa publication
La succession de gré à gré de couleur monarchique au
Cameroun ou l’art de rester au pouvoir après la mort
Le Cameroun sur lequel règne sans partage depuis 40
années, le dictateur Paul BIYA, est aujourd’hui un pays dépouillé, dévasté, effondré,
divisé, déchiré, humilié, endeuillé par le génocide le plus stupide de l’ère
moderne. Une curiosité politique qui a résolument remplacé le mot DÉVELOPPEMENT
par ENSAUVAGEMENT. Un pays jadis florissant, qui n’offre plus au monde que le
spectacle pathétique d’un État barbare, outrageusement méchant et dangereux.
Face à des crises cataclysmiques, le régime au pouvoir à
Yaoundé n’a déployé que ses stratagèmes rodés mais éculés que sont : la
corruption des acteurs politiques et sociaux, l’étouffement par la violence des
voix discordantes, la division par la manipulation des matériaux fissiles de
l’ethnicité, le laisser pourrir ou la gouvernance des astres… Au Cameroun plus
qu’ailleurs, l’art de gouverner s’assimile à la maîtrise de la ruse, au
maniement de la force, avec pour seule finalité de rester au pouvoir pour le
pouvoir et ses ors.
La longévité record de BIYA au pouvoir, a forgé en ce
fils de catéchiste, jadis timide, effacé, une conception et une philosophie
d’un pouvoir absolu, incarné par sa personne, transmissible par lien de
consanguinité à sa famille, à son clan… Ainsi, de même qu’il a réussi à donner
une couleur ethnique à son pouvoir, ou simplement au pouvoir politique au
Cameroun, ce qui a fait dire par Maurice KAMTO qu’il se présenterait au concours
pour devenir Bulu afin de légitimer ses ambitions politiques. BIYA rêve
désormais d’un pouvoir qui se transmet par le sang, par dévolution
successorale…
Cette conception du pouvoir et de son pouvoir explique
cette intolérance et cette allergie à toute vraie opposition politique ou idée
d’alternance chez les tenants du pouvoir au Cameroun.
Mais la conjonction de nombreux facteurs et l’agrégation
des forces nouvelles (l’Ambazonie, la diaspora, l’irruption du phénomène KAMTO
et du MRC, les réseaux sociaux), et des formes inédites et novatrices de
résistance, rendent obsolète le logiciel politique de BIYA, qui définitivement
manque d’agilité pour se mettre au niveau des défis qui sont ceux de ce
Cameroun en pleine convulsion. La conduite ringarde et réactionnaire d’un
dialogue national qui se voulait inclusif, pompeusement baptisé Grand dialogue
par Paul BIYA, le musèlement et l’embastillement tout azimut d’opposants sont
des corollaires à ce propos.
En même temps, comme rarement ce fut le cas par le passé,
les camerounais affichent un intérêt particulier pour la conduite des affaires
publiques et aspirent davantage à être acteurs de leur destin politique,
économique et social.
L’INÉLUCTABLE FIN DE RÈGNE DE PAUL BIYA
Une agrégation des forces du progrès, des forces
diplomatiques, se conjuguant avec la situation politique et sécuritaire du
Cameroun et spécialement dans sa partie anglophone (le NOSO), rendent
inadéquats les placebos qui jusqu’ici ont fait durer le système BIYA.
D’ailleurs, ce dernier est perçu par de nombreux observateurs comme un
véritable repoussoir pour la paix au Cameroun. Ses choix politiques, sa
longévité au pouvoir, son bilan calamiteux, son âge, le disqualifient de facto,
et font qu’il est le problème du Cameroun aujourd’hui ou du moins qu’il en fait
partie.
Face à ces épreuves, l’édifice BIYA s’effrite, se
fissure, se désagrège et bientôt s’effondrera.
La question qui objectivement hante tous les observateurs sérieux, n’est plus
celle de savoir si la chute se produira, mais c’est celle du contrôle et de
l’orientation de la chute.
Le sort de BIYA en tant qu’individu n’est plus un enjeu
pour les forces conservatrices au pouvoir. Ce qui compte pour elles, c’est la
pérennité du système, même après le départ de BIYA, qu’elles ne s’empêcheraient
de précipiter, si elles avaient la garantie qu’aujourd’hui sera comme la veille
et que demain sera comme aujourd’hui.
LE GRÉ À GRÉ GAGE DE LA CONTINUITÉ ET DE LA PÉRENNITÉ DE
BIYA ET BOUCLIER CONTRE L’ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE
Les questionnements sur la succession de BIYA depuis plus
d’une décennie déjà reviennent dans les analyses de nombreux observateurs. Il
faut relever que parlant de l’après BIYA, le mot « Succession » est préféré à
l’Alternance, au Changement… L’idée dans cette formulation qui est fortement
inspirée de la réalité politique camerounaise, c’est que, au mépris de l’ordre
institutionnel, l’après BIYA se fera selon la volonté de ce dernier, du De
cujus, comme en matière successorale. C’est d’ailleurs pourquoi, comme un
testateur qui cache ses dernières volontés qu’on ne connaitra qu’à son décès,
BIYA cache son successeur. Mieux, il a pris le soin son règne durant, de
contenir et d’écraser chez ses « créatures » toute tentative d’auto-promotion
ou de mise en orbite…
Les geôles camerounaises se chargent désormais de faire
oublier à d’illustres pensionnaires des projets insensés…
Mais dans ce jeu mafieux, on ne peut cacher indéfiniment son joker car il n’est
puissant que s’il est utilisé. L’entrée en scène de Franck BIYA révèle en
réalité l’idée que son père a de sa succession. Une forme de prudence et «
pudeur politique » l’ont jusqu’ici retenu de livrer ainsi ses cartes.
Pressurisé par les contraintes de sa biologie et surtout préoccupé par la
volonté de garantir le respect de son choix, Paul BIYA sort son joker, il lance
Franck BIYA dans la bagarre de sa succession.
Ce choix est motivé par trois éléments :
· Continuer de régner après sa mort et donc prolonger son
pouvoir au-delà de sa propre vie ;
· Sauver sa mémoire noircie par un bilan politique, économique et social
apocalyptique ensanglantée par une guerre civile stupide ;
· Assurer à son clan une impunité face aux crimes de son régime ;
Afin de garantir la bonne exécution de ses dernières
volontés, BIYA, plus que d’habitude, se montrera impitoyable à l’égard des
siens qui tenteront de déjouer ses plans, de voler à son fils son héritage.
La révélation précipitée de son successeur lui permet
donc de déceler les résistances, oppositions, concurrences éventuelles, et de
les neutraliser afin de dégager sur le chemin d’Etoudi, tous les obstacles.
Mais à l’exercice, les choses ne seront pas aussi
simples.
L’INSOLUBLE ÉQUATION MAURICE KAMTO ET LA CRISE AU NOSO
Cette équation pour les conservateurs dont le tyran BIYA
est la figure régnante, a deux inconnues : Maurice KAMTO et le NOSO.
Quelle est l’équation qui permettrait d’imposer un ordre nouveau qui ne
tiendrait pas compte de la légitimité populaire, puissamment incarnée
aujourd’hui par Maurice KAMTO ? Cette équation est insoluble. Seul un coup
d’État militaire ou institutionnel permet d’y arriver.
Comment l’avorton politique, privé de légitimité, issu de
ce coup d’État va-t-il procéder pour ramener la paix au NOSO ? Cette équation
est également insoluble, car le régime BIYA et ses déclinaisons n’ont pas
l’agilité politique leur permettant d’inventer un deal convenable pour les
populations du NOSO. On dirait d’ailleurs que leur ADN s’oppose à la paix,
d’autant que pour ce peuple aujourd’hui massacré, le régime de Yaoundé est
perçu comme une espèce de DJOUDJOU dont la seule évocation du nom suscite rejet
et incite une forme de légitime défense.
LE RISQUE D’EMBRASEMENT GENERALISÉ : CONJURER LE DESTIN FATIDIQUE
DU BATEAU CAMEROUN
Une succession à BIYA qui ferait l’économie des voies
démocratiques se verra confrontée à trois écueils :
L’immense fronde découlant des frustrations internes au régime BIYA-RDPC, dont
on peut envisager qu’elle pourrait prendre des formes violentes, y compris
armées car les différentes factions concurrentes dans le RDPC semblent
également avoir les moyens de cette puissance de feu ;
La gigantesque fronde populaire incarnée par le courant
légitimiste pour qui Maurice KAMTO est le Président légitime, élu ;
Le front armé du NOSO, pour lequel cette situation d’instabilité serait un
terreau véritable pour se renforcer, se repositionnera avec plus d’autorité
encore sur l’échiquier militaro-politique.
LA SOLUTION KAMTO COMME ALTERNATIVE POLITIQUE CREDIBLE
Dans ce magma politique, Maurice KAMTO apparaît comme
l’alternative la plus à même d’éviter au Cameroun le scénario-catastrophe
ci-dessus décrit, la plus à même de repenser un Cameroun qui s’inscrit
résolument sur le chemin de la prospérité et de la démocratie, le plus à même
d’engager avec le NOSO, où il semble avoir une vraie audience, un vrai
dialogue.
Par ailleurs, Maurice KAMTO, représente pour Paul BIYA
aujourd’hui, l’alternative la plus sûre. Les impatiences qui se font ressentir dans
les cercles du pouvoir quant à la succession de ce dernier, ne résisteront pas
longtemps à la tentation de précipiter la retraite politique et sociale du
dictateur, de déjouer ses projets de succession dans des circonstances qui
peuvent s’avérer violentes. De ce point de vue, KAMTO pour lui est assurément
l’assurance – vie – retraite la plus sûre.
Enfin, Maurice KAMTO apparaît aussi comme la solution du
consensus politique camerounais. L’un des rares sinon le seul à même de
concilier ce Cameroun qui souffre, avec sa diaspora qui souhaite apporter à ce
pays sa contribution à son développement, de faire revenir le Cameroun sur
l’échiquier des Nations respectables.
Pour y arriver, il faut que soient créées des conditions
d’une élection libre et transparente au Cameroun, ce qui à ce jour n’est pas
acquis. Comment donc faire l’économie d’un destin fatidique d’un autre génocide
Cameroun, à l’image de celui en cours dans sa partie anglophone, que lui
prédisent de nombreux observateurs, et redonner espoir à ce peuple affligé,
meurtri ?
Ce sera l’objet de ma prochaine réflexion.
Me Amedee Dimitri Touko Tom
Analyste Politique