Kinshasa : Quand le manque d’eau potable fait exploser le taux de viol !
De prime abord, ces
deux faits n’ont pas de liens apparents. Mais dans la capitale de la RD Congo,
le taux de viol, qui est déjà un fléau endémique, monte en flèche en période de
pénurie d’eau.
Les témoignages de jeunes filles et de femmes, des victimes, interpelées à
Kimbanseke, commune dense de l’est de Kinshasa la capitale, en atteste.
La recherche de l’eau, qui peut se poursuivre jusqu’à des
heures indues, expose les femmes aux agressions sexuelles à Kinshasa.
C’est le cas de Chancelvie, agée de 16 ans, habitant le
quartier Batumona, abusée sexuellement par un groupe de personnes pendant
qu’elle allait chercher de l’eau potable.
« C’était le soir, je suis allée chercher de l’eau car dans
notre quartier, il n’y en avait pas. Je me suis retrouvée seule au point d’eau.
Brusquement, j’ai vu deux hommes venir vers moi ; avant que je ne réalise ce
qui se passait, ils m’ont jeté par terre et ont commencé à me frapper très
fort. Par la suite, ils m’ont violé à tour de rôle. Il faisait noir, je criais
mais personne ne venait à mon secours. Au bout d’un moment quand ils ont vu que
des gens commençaient à arriver, ils ont fui », raconte-t-elle.
Georgine agée de 37 ans, mère de famille, reconnait les
risques de viol qu’encourent actuellement les filles qui osent sortir la nuit
ou vers 4 heures du matin chercher de l’eau dans son quartier.
« Nous n’avons pas d’eau depuis plusieurs années. Nous nous approvisionnons au
site de forage pour avoir de l’eau potable car les eaux de puits ne sont pas de
bonne qualité. Le forage est ouvert très tôt matin ou très tard le soir. Mais
avec cette insécurité, nous évitons de nous rendre au forage le soir. Nous ne
voulons pas prendre des risques ou exposer nos filles. Ce qui n’est pas facile
pour nous car nous ne pouvons nous procurer de l’eau que très tôt le matin et
surtout éviter de se retrouver seule à cet endroit », explique-t-elle.
Les cas de viol sont légion. Entre janvier et juin 2020, la
République démocratique du Congo a enregistré une moyenne de 74 cas de violence
sexuelle par jour, une situation qui s'est aggravée suite à la crise sanitaire
liée à la Covid-19, indique un rapport de l’Organisation des Nations
unies pour la promotion de la femme (ONU-Femme).