Père Lado : ‘’ les personnes homosexuelles sont avant tout mes frères et sœurs en humanité ‘’
Dans une récente sortie, le prêtre jésuite s’était attiré
les foudres d’une certaine frange de l’opinion, en déclarant qu’il préférait ‘’
un gouvernant homosexuel à tous ces hétéros injustes ‘’
Après ce discours qui ont par suscité des débats controversés, le Père Ludovic
Lado s’est fendu dans une autre tribune pour apporter des éclaircis sur la
teneur de ses propos.
Prélat engagé et
très hostile au régime en place, le Père Ludovic Lado vient de publier un texte
dans lequel il explique les raisons de sa sympathie envers la communauté
homosexuelle.
Nous vous proposons
l’intégralité de sa sortie :
J’ai appris de la
fréquentation de Jésus que le « Moi non plus je ne te condamne pas » précède
toujours le « Va et ne pèche plus ! » (Jn 8, 11). L’image que j’ai de
Jésus n’est pas celle d’un professeur de morale mais d’un témoin de la
tendresse de Dieu pour les hommes, surtout pour ceux que le monde méprise et
rejette. Et en Afrique aujourd’hui, les personnes homosexuelles font
partie de cette catégorie. Le regard que je pose sur eux est-il christique ?
Un de mes récents
post dans lequel je disais préférer un bon gouvernant homosexuel à toute la
bande d’hétérosexuels injustes et inhumains qui détruisaient nos pays et nos
vies m’a valu tous les noms d’oiseaux, surtout de ceux qui n’avaient rien compris
à mon post. Tout était parti de la critique du choix de Joe Biden de
nommer dans son nouveau cabinet des personnes homosexuelles et transgenre,
critique que je ne partageais pas du tout.
Je maintiens que les
personnes homosexuelles sont avant tout mes frères et sœurs en humanité et rien
ne m’amènera à les mépriser du fait de leur orientation sexuelle. Cela ne
signifie pas pour autant que je fais l’apologie de l’homosexualité comme
certains esprits faux l’ont prétendu. La doctrine est une chose et les rencontres
humaines une autre. Je rappellerai la doctrine avant d’aborder ce que j’ai
appris de ma fréquentation des personnes homosexuelles.
Parlant de doctrine,
l’enseignement officiel de l’Eglise catholique dit que « les actes
d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés. Ils sont contraires Ã
la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent
pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient
recevoir d’approbation en aucun cas. » (Catéchisme de l’Eglise catholique,
article 2358). L’église parle, notons-le « d’actes homosexuels » et non
de personnes homosexuelles. Elle fait toujours cette distinction pour qu’on ne
réduise pas une personne à ses actes. Ensuite, l’église faire remarquer
ceci :
« Un nombre non
négligeable d’hommes et de femmes présentent des tendances homosexuelles
foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la
plupart d’entre eux une épreuve. Ils ne choisissent pas leur condition
homosexuelle. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et
délicatesse.
On évitera à leur
égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées Ã
réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir
au sacrifice de la Croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent
rencontrer du fait de leur condition. » (article 2358)
Notons, une fois de
plus, que dans cet extrait, c’est « la tendance homosexuelle » qui est
qualifiée d’ « objectivement désordonnée ». Quant aux personnes homosexuelles,
l’église nous fait remarquer que beaucoup ne « choisissent pas leur condition
homosexuelle ». C’est pourquoi, « ils doivent être accueillis avec respect,
compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de
discrimination injuste. » Exclure un citoyen d’une fonction publique ou
d’une position sociale du fait de son orientation sexuelle est une «
discrimination injuste ». C’est pour cela que je pense que c’est un faux
procès qui est fait à Joe Biden. L’orientation sexuelle n’a rien à voir
avec la compétence professionnelle surtout dans la fonction publique.
Sur le plan des
rencontres humaines, combien d’entre nous ont déjà rencontré une personne
homosexuelle sur un plan purement humain et social? Je ne peux que partager ma
propre expérience. Comme beaucoup d’Africains, bien évidemment, j’ai grandi
dans une matrice sociale éminemment hétérosexuelle et hétéronormative.Â
L’homosexualité ne faisait même pas partie du champ des possibles dans mon
univers de socialisation. Je me sens et je me considère donc comme un
hétérosexuel.
Mais, par la suite,
j’ai été exposé de plein fouet à l’alternative homosexuelle pendant mes années
d’études universitaires d’abord aux Etats Unis et puis ensuite en
Angleterre. Je découvrais au fil des rencontres et des années que parmi
mes collègues prêtres, mes collègues étudiants, et mes enseignants, certains se
réclamaient paisiblement de tendance homosexuelle.
 On se
retrouvait en classe, à l’Eglise, dans les excursions, au sport, etc. sans que
jamais ils ne me donnent l’impression d’être des sous-hommes ou des « animaux »
comme certains le font croire. J’ai donc appris à les regarder et à les
accueillir d’abord comme des frères et sœurs en humanité.
Il est impossible de
vivre en Occident aujourd’hui sans rencontrer et collaborer avec les personnes
homosexuelles à tous les niveaux. Même les Africains les plus homophobes le
font sans broncher pendant leur séjour outre-mer! Ils le font non pas
parce qu’ils ont changé leur point de vue sur l’homosexualité mais par
nécessité.
Et rien ne porte Ã
croire que dans ces rencontres humaines, ils trouvent les personnes
homosexuelles moins humaines qu’eux. Beaucoup de ceux et celles que nous
jugeons et condamnons dans nos têtes et que nous excluons chacun de son ciel
imaginaire nous précéderont dans le Royaume des Cieux !