Remaniement ministériel / Saint Eloi Bidoung encense Kamto : ‘’ Aucun Ministre ne peut démissionner, comme il l’avait fait ! ‘’
Depuis quelques jours, on annonce au sérail un
renouveau ministériel dans le régime de Paul Biya.
Face à l’ardente lutte de positionnement en cours entre les barons d’Etoudi, l’ancien
militant du RDPC fait paraitre une tribune, et fait la juxtaposition entre les
actuels ministres de Biya et Maurice Kamto, ancien ministre devenu opposant.
Lecture:
Remaniement ministériel : la semaine des longs couteaux, le cyclone se
rapproche. Le temps du Président est arrivé, Paul Biya est le maître du
temps, des pendules et des calendriers du Cameroun. Encore quelques jours et la
tempête s’abattra sur le pays. Des baobabs seront déracinés, selon les
prévisions de la météorologie politique. Il est temps de se mettre à l’abri.
La fin du
règne de Paul Biya se résume par cette phrase : «Qu’ils me haïssent, pourvu
qu’ils me craignent». Paul Biya, un homme haï par une partie de la population
qui le tient pour responsable de leurs malheurs en besoins les plus
élémentaires : des routes rurales, des dispensaires ruraux fournis en
médicaments et en personnels médicaux, des écoles en zones rurales assurées en
enseignants et en salles de classes.
Ces
populations qui veulent du travail pour leurs enfants diplômés des universités,
ou des accompagnements pour leurs auto-insertions sociales, doivent sûrement
haïr Paul Biya. A côté de ceux-ci, des impatients qui veulent son pouvoir
et le Palais de l’Unité, qui chahutent sa longévité au pouvoir et son train de
vie d’empereur. Ils le haïssent autant que ceux qui sont en prison, après avoir
été ses collaborateurs ou de hautes personnalités de la République avant leurs
disgrâces.
Certains
camerounais le haïssent tout simplement à cause de son entourage, cette meute
prédatrice qui aura dévoré, brûlé et saccagé le concept de «rigueur et
moralisation», qui étaient pourtant des principes devant soutenir son magistère
à la tête du Cameroun. Mais, pour Paul Biya, cela n’a aucune importance, pourvu
qu’ils le « craignent ».
Ils le
craignent par ce qu’il est le seul à connaître l’avenir des événements comme la
date de la finale de la Coupe du Cameroun de football. Comment ne pas craindre
quelqu’un qui est le seul à connaître la date des prochaines échéances
électorales, y compris les délais pour le renouvellement d’un gouvernement
devenu politiquement insolvable après une élection législative ?
C’est ce
qu’on appelle « le temps du Président ». Des motions de soutien, de
remerciements et de déférence sont en pleine rédaction dans la principale
officine politique : (Le Rassemblement des Danseurs Professionnels du Cameroun)
« RDPC » en attendant ce moment, et qui seront publiées au lendemain du remaniement
ministériel. Il n’est pas exclu que des marches de soutien et de remerciements
soient au programme, malgré le Covid-19 et le froid, après ce geste de Paul
Biya tant attendu.
Le bal masqué des réseaux
Le remaniement
ministériel, les bulletins météorologiques du pays l’annoncent « cyclonique »,
« tsunamique » dans la gamme de Katrina, plus en remous de surface, mais à
forte amplitude sur l’échelle de Richter. Des vagues hautes, des torrents de
larmes, des dégâts humains et matériels ; la désolation, la consternation, des
frustrations et la tristesse dans les duplex et les foyers.
Voilà ce qu’il
faut prévoir. Les ministres en poste, pris au piège, ne peuvent plus se mettre
à l’abri : ils sont déjà dans l’œil du cyclone. Ce sera un « remaniement
ministériel-punition et de reniement ». Parmi les ministres en fonction,
il y a certains pour qui vous pouvez déjà préparer des lettres de condoléances
et de compassion.
Dans l’attente, l’angoisse
Les ministres
en fonction ont deux attitudes depuis quelques jours. Certains, qui se sont
réveillés tard dans leurs charges et missions, font feu de tout bois et preuve
d’un regain de dynamisme ces derniers temps.
Il n’y a que
le coronavirus qui les freine, sinon ils iraient comme de nouveaux fous, régler
la circulation dans les grands carrefours aux heures de pointe et des gros
embouteillages. Question d’être vu et de ne pas passer inaperçus. Ils
s’efforcent de montrer (hélas, trop tard) qu’ils sont les hommes qu’il faut
pour faire avancer le Cameroun vers l’émergence non plus en 2035, mais en 2022.
Ils
multiplient des descentes sur le terrain, masque au museau, pour montrer qu’ils
suivent les instructions du Chef de l’Etat. Ils s’agitent, se débattent, ne
dorment plus mais somnolent et sommeillent en public. Cela s’appelle l’énergie
du désespoir ou encore les derniers spasmes d’un coq égorgé ou d’un condamné à
mort. Cela n’a plus aucune importance, la frénésie et l’agitation de dernière
minute ne sauraient faire oublier leur incompétence et l’incurie dont ils ont
fait preuve pendant l’exercice de leurs fonctions. Mais on ne sait jamais, Paul
Biya adore prendre du vieux pour faire du neuf si vous préférez, prendre les
mêmes pour recommencer.
D’autres
semblent résignés, parmi les ministres en fonction.
Il n’y a qu’à
les voir à la télé, pour ceux qui osent encore sortir. Le regard vague, le
sourire jaune, la mine défaite derrière le masque anti Covid-19. On comprend
qu’ils ont eux-mêmes fait le décompte de leurs frasques et incuries, et y ont
ajouté leur incompétence puis ont compris que la somme ne leur laissait aucune
chance pour échapper au cyclone qui se rapproche.
Ils ne peuvent
pas démissionner, comme l’avait fait Maurice Kamto quelques jours avant un
remaniement ministériel. Ce dernier, ayant eu vent qu’il ne sera pas dans le
gouvernement en cours de finalisation, s’était empressé de déposer sa démission
pour devenir un héros, voire un martyr, ce qui est plus valorisant (comme on le
voit) que l’étiquette d’ancien ministre.
Ceux des
ministres actuels qui savent qu’ils n’ont plus aucune chance d’être reconduits,
ou mutés, se sont résignés à attendre leur sort pour ne pas fâcher le Chef de
l’Etat, car ce dernier n’aime pas le mépris. Une démission du gouvernement,
avant le très prochain remaniement ministériel, peut conduire à une convocation
au Tribunal Criminel Spécial (TCS). Et, avec les casseroles qu’ils trainent
dans les détournements de fonds et actes graves de corruption, il vaut mieux se
tenir sagement et attendre que le sort arrive. Et le sort arrivera
probablement, certainement, sûrement, inévitablement dans les très prochains
jours.
Dans les foyers, ça brûle
Ceux des
ministres qui ne l’ont pas encore fait le feront certainement au cours de cette
semaine. Plusieurs ministres ont déjà dépouillé leurs bureaux des photos qui
trônaient sur la table (femme, enfants, famille…) et des effets personnels.
L’argent de la caisse noire et d’avance, qu’ils laissaient parfois dans le
tiroir en rentrant le soir, est désormais emporté à la maison dans le grand sac
que portent les gardes du corps. On ne sait jamais, puisque l’histoire de la
République nous montre que certains remaniements ministériels ont été lus au
journal de 20 heures, mais très souvent les week-ends.
Derrière les
hautes barrières des duplex, c’est le calme apparent, l’inquiétude,
l’incertitude, la peur. Une ambiance à couper au couteau, une atmosphère qui va
s’alourdir encore plus cette semaine, au vu des grondements lointains, éclairs,
arcs-en-ciel, greulons, tonnerres, qui précèdent le cyclone et qui augurent de
sa violence ravageuse. On, on, on, on attend !
Saint Eloi
Bidoung n’attend rien mais s’attend à d’autres représailles pour le faire
taire, qui sait à jamais…. Que Dieu le protège.