Les révélations de Chris Yapi sur Hamed Bakayoko : « Hambak sait que c’est une manœuvre de Ouattara pour l’écarter. »

Alors qu’il était resté discret depuis la disparition du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le numéro deux du gouvernement ivoirien Hamed Bakayoko s’est exprimé au siège du parti à Abidjan lors d’une réunion des cadres et élus du district de Woroba au nord-ouest demandat au président Alassane Ouattara de se présenter à l'élection présidentielle d'octobre 2020. Chris Yapi a donc tenu à se prononcer sur la déclaration lue par le ministre de la Défense.

Tout le monde a vu le Ministre de la Défense Hamed Bakayoko, les traits tirés, la mine assombrie, lire une déclaration au nom du Woroba, demandant au Président Alassane Ouattara de postuler pour un troisième mandat présentiel. Franchement, il avait de quoi être triste et avoir sa tête des mauvais jours. En effet, les heures actuelles sont difficiles pour Hamed Bakayoko.

Lui qui jusque-là croyait dur comme fer aux oracles et était persuadé depuis la mort d’Amadou Gon-Coulibaly, que les astres s’étaient alignés pour le conduire tout droit au palais présidentiel, est pris de doute et de peur. Surtout que le Président Ouattara l’avait convoqué pour l’informer qu’il entendait le nommer Premier Ministre juste après les obsèques d’Amadou Gon-Coulibaly. Depuis cet entretien, il ne faisait que languir. Mais depuis quelques jours, sous ses yeux, la voie royale est en train de se transformer en chemin de croix. Sa déception cruelle est venue quand le Président Ouattara l’a rappelé à nouveau pour lui dire que la base militante du RDR et du RHDP est farouchement opposée à sa nomination à la Primature.

Dans ces conditions, il lui serait bien difficile de le choisir comme candidat du RHDP pour la présidentielle à venir. Hamed Bakayoko qui connaît très bien son patron n’est pas dupe. Il sait que c’est une manœuvre du Président Ouattara pour l’écarter et se positionner lui-même. Il voit donc son illustre destin lui filer entre les doigts.Bien évidemment, celui qui n’échappe pas à son courroux, c’est son Directeur des sciences occultes, expert en magie noire et sorcelleries africaines, le célébrissime Awaza Bakayoko.
Le Ministre de la Défense lui passe des engueulades monumentales et l’accuse d’être un mollusque qui tarde à faire réaliser son destin.Au-delà des engueulades à Awaza, Hamed Bakayoko sombre dans la dépression, touché intimement par tant d’ingratitudes du Président Ouattara à son endroit. Il s’est même confessé à certaines personnes en disant que tous les partisans de Guillaume Soro le rendent coupables des coups bas portés pendant des années à ce dernier et lui en veulent à mort. En réalité dit-il, c’est le Président Ouattara le manipulateur et le commanditaire qui était derrière tout ça. Jaloux de la notoriété de Guillaume Soro qui éclipsait la sienne, le Président de la République a tout fait pour le neutraliser et le mettre sous l’éteignoir.

Pour cela, il a utilisé à fond Hamed Bakayoko, comme l’homme des basses besognes. Hambak dit à ses interlocuteurs qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres d’Alassane Ouattara, mais qu’en réalité, Guillaume Soro est son ami et que rien ne les oppose. Il ajoute qu’aujourd’hui, vu ce qui lui arrive, il a compris beaucoup de choses et n’aura aucun scrupule à se réconcilier avec son ami Guillaume Soro à qui il a fait tant de mal.Pendant qu’Hamed Bakayoko cuve sa déception et ses frustrations, le Président Alassane Ouattara lui, appuie à fond sur la pédale de sa candidature et avance sans retenue. C’est ainsi qu’informé que les partisans d’Hamed Bakayoko sont en effervescence sur les réseaux sociaux et réclament à tue-tête la candidature de leur champion, il a fait convoquer son ministre de la Défense.

Il lui a fermement enjoint d’organiser une cérémonie de soutien du Woroba à un troisième mandat du président sortant. Il a exigé que ce soit Hamed Bakayoko lui-même qui lise la déclaration pour mettre un terme définitif à la chienlit que crée l’exubérance de ses partisans. Le Président Ouattara est clair : si Hamed Bakayoko tient encore au poste de Premier Ministre, il doit rentrer dans les rangs. Pour l’humilier et montrer à Hamed Bakayoko qu’il est le seul maître à bord, le Président Ouattara n’a consenti qu’à lui signer un décret d’intérim au poste de la Primature jusqu’au 40ème jour des obsèques de feu Amadou Gon-Coulibaly. D’ici là, Hambak est sous surveillance. On a tous vu un Hamed Bakayoko terne, lisant une déclaration à laquelle lui-même ne croyait pas.


Mais, avant d’y aller, comme à chaque fois qu’il doit faire quelque chose d’important, il a réuni ses marabouts pour leur demander la conduite à tenir. Ces derniers ont été clairs : ils lui ont conseillé d’y aller et de ne pas provoquer le Président actuellement, car ce dernier est plein de rage. Ils lui ont fortement conseillé de l’endormir et de faire une déclaration, comme il le fit lorsque Amadou Gon-Coulibaly fut désigné candidat et que Hambak fut contraint de lire la déclaration stipulant qu’il était le meilleur d’entre eux tous et qu’ils s’alignaient derrière sa candidature.

Néanmoins, ils ont également été formels : si le Président Ouattara insiste pour être candidat, il partira du pouvoir dans la honte et l’humiliation. Rassuré par ses devins, Hambak est allé lire sa déclaration de Séguéla et attend la suite de la tragédie annoncée.Pendant ce temps, certains Ivoiriens défilent pour réclamer un troisième mandat au Chef de l’État. Des têtes couronnées et des chefs coutumiers se succèdent au palais pour lui demander « d’avoir pitié des Ivoiriens et d’accepter de faire le sacrifice de sa personne pour briguer un troisième mandat ».

La vérité est éloignée de ce schéma que l’on présente chaque soir sur la RTI au journal télévisé de 20h, comme une longue telenovela insipide. En vérité, aucun chef de village, aucun roi, aucun chef de terre ne réclame une troisième mandature pour le Président Alassane Ouattara. C’est lui-même qui décroche son téléphone, appelle les chefs de village pour leur intimer l’ordre de mobiliser leurs ouailles pour déclarer qu’ils souhaitent le voir se présenter à la présidentielle. Il les menace physiquement et c’est terrifiés que les chefs acceptent de se soumettre au diktat du nouveau tyran.

Ainsi, il a appelé et menacé le chef de canton de Ferké, Ouattara Kiyali, afin que ce dernier conduise une délégation de chefs traditionnels sénoufos pour venir réclamer sa candidature à la présidence. Il a également appelé, menacé et envoyé des émissaires au Roi du Sanwi afin que ce dernier conduise une délégation des rois et chefs traditionnels du sud Comoé au palais présidentiel. Les chefs traditionnels du Hambol, du Guémon, de la Bagoué, du Gontougo ainsi que ceux de l’Indénié Duablin, n’ont pas échappé à la menace du coup de fil présidentiel.

Tous ont été sommés de mobiliser leurs troupes pour apporter le soi-disant soutien du peuple à la candidature d’Alassane Ouattara. Ceci ne rappelle-t-il pas à chacun de nous la triste fin de certains monarques de la sous-région avant le Président Ouattara ? Le peuple est sensé les aimer, mais ne sort pour les acclamer que sur commande. Ils tous été surpris par leur chute brutale et inattendue.L’histoire se rejoue en Côte d’Ivoire.