Affaire 3ème mandat pour Ouattara : « Lentement mais sûrement, tout se met en place pour opérer le passage en force »

La candidature du président Alassane Ouattara à l’élection présidentielle d’octobre 2020, évoquée par ses proches et confirmée par lui-même à Jeune Afrique, sera actée le 29 juillet 2020 au cours du Conseil politique du RHDP à Abidjan. Pour Nazaire Kadia, qui se prononce sur ce fameux troisième mandat de Ouattara, tout se met en place pour opérer un passage en force.

A quelques mois de l’échéance présidentielle d’octobre 2020, des scènes surréalistes, à la limite ubuesques, se déroulent sous nos yeux comme à l’âge d’or du parti unique. On s’efforce de façon grotesque à préparer les esprits à accepter l’inacceptable : Pour y arriver, des actions sont entreprises et ce, à deux niveaux : interne et externe.

Au plan interne, des chefs de nos villages, instrumentalisés et transportés par des cadres soucieux de conserver leurs strapontins, et sous le fallacieux prétexte de présenter des condoléances au chef de l’Etat, supplient celui-ci de briguer un troisième mandat, en violation de l’article 6 de la loi portant statut des rois et chefs traditionnels qui stipule que : « les rois et chefs traditionnels sont soumis aux obligations de neutralité, d’impartialité et de réserve. Il doivent s’abstenir d’afficher leur appartenance politique »

Dont acte ! Nous attendons de voir ces chefs chez Bédié, chez Gbagbo ou chez Mamadou Koulibaly lancer le même appel !Beaucoup d’ivoiriens croyaient que cette pratique moyenâgeuse appartenait à l’histoire, mais les habitudes ont la vie dure ! La suite est déjà connue. Après le passage de la dernière région, il sera aisé au chef de l’Etat de dire, qu’il ne voulait pas d’un troisième mandant. Mais il lui est difficile de rester sourd aux supplications et aux cris de détresse des populations.

Alors à son corps défendant et par devoir, il se résout à revenir sur sa parole et à se mettre au service de son peuple ! «Vox populi, vox Dei » ? (la voix du peuple est la voix de Dieu) qui peut résister à l’appel de Dieu ? C’est vraiment à désespérer de certains de nos concitoyens !A un autre niveau, exogène celui-là, la tâche revient à la presse française, écrite, radios et télévisions de préparer de façon subtile et subliminale, les esprits à la forfaiture. Quand cette presse aborde le sujet de la candidature du chef de l’Etat, elle part du postulat que M. Ouattara peut se présenter.

C’est Ouattara qui a acheté les armes » de Zakaria, c’est Soro qui a…
Son handicap résiderait dans sa déclaration de ne plus se présenter pour un troisième mandat. Elle évite soigneusement d’évoquer l’hypothèque de la constitution qui pèse sur M. Ouattara et l’empêche de faire acte de candidature. Cette presse française espère qu’à force de marteler sa conviction à longueur de journée, les ivoiriens finiront par l’intérioriser et l’accepter (dans le genre, un mensonge répété mille fois devient une vérité). Cette démarche est une véritable insulte à notre intelligence.

Ces journalistes même dans leur rêve le plus fou, n’oseraient jamais pensé à pareille ignominie chez eux : un troisième mandat pour Macron, si d’aventure celui-ci venait d’en faire deux au regard de la constitution française. Cela ne peut jamais leur effleurer l’esprit.Mais nous prêtons le flanc à cette infantilisation. Comment peut-il en être autrement quand ceux des nôtres, que d’aucuns appellent intellectuels et experts peuvent marteler une « vérité » aujourd’hui et se déculotter le lendemain?Il ne serait pas étonnant de voir, ces experts venir sans gêne nous affirmer avoir eu la révélation comme Saint Paul sur le « chemin de DAMAS » : les écailles leur étant tombées des yeux, ils se sont rendu compte que la lecture de la constitution qu’ils nous avaient faite auparavant, n’était pas la bonne.

L’Esprit Saint leur a ouvert l’esprit, pour comprendre que la constitution de 2016 a remis les compteurs à zéro. M. Ouattara a donc tout le loisir de solliciter deux autres mandats et pourquoi pas une présidence à vie ? La boucle serait ainsi bouclée. Voir M. Cissé Bacongo, assis parmi les chefs et populations du Woroba venus demander à M. Ouattara de se présenter pour un troisième mandat, me convainc que c’est le scénario qui nous attend.

Lentement mais sûrement, tout se met en place pour opérer un passage en force et obtenir aux forceps, ce fameux troisième mandat. Mais s’il est loisible de faire des projections pour le futur fut-il proche, il n’en demeure pas moins que la réalisation de ces projections dépend de paramètres qu’on ne maîtrise pas toujours.Soyez donc sans crainte.