Fermeture de la Polyclinique Marie O : Le responsable de la structure accusée de surfacturation brise le silence !
Le Ministre de la Santé Publique Dr Malachie Manaouda, a
donné l’ordre de sceller la Polyclinique Marie O sise à Douala.
Pour cause, cette structure sanitaire est accusée d’avoir escroqué certains
patients atteints du Covid-19, et leur facturant des soins pourtant
décrétés gratuits par les autorités au
pouvoir.
Dans une tribune ouverte, le responsable de cette clinique a donné sa version
des faits.
Suite à la fermeture
de la Polyclinique Marie O, plusieurs voix se sont soulevées pour contester cette
décision, jugée abusive de la part du Ministre en charge de la Santé publique
au Cameroun.
Parmi ceux qui ont
apporté leur soutien à la clinique, le Syndicat des Médecins du Cameroun, et le
député Jean Michel Nintcheu.
Dans une tribune
ouverte, c’est au tour du promoteur de la structure concernée, de briser le
silence et de plaider pour sa cause.
Voici in extenso le
communiqué du Dr Ngoulla, responsable de polyclinique Marie O de Douala :
'' Nous les médecins,
nous n’avons pas l’habitude de faire notre métier dans les médias. Et nous
sommes toujours très gênés et très peinés quand on perd un malade. Donc je vais
commencer par adresser mes condoléances à cette famille, et regretter l’aspect
médiatisation excessive que prend cette affaire, mais ils en portent seuls la
responsabilité.
C’est un patient
qui a de gros antécédents cardiaques et qui est suivi à l’hôpital de la
garnison militaire à Douala. Il s’y est rendu jeudi dernier (7 avril 2020,
ndlr), parce qu’il avait perdu la mobilité d’une partie de son corps. Et là-bas
on a diagnostiqué un AVC. Il avait les problèmes de respiration. Ils ont voulu
le mettre sous oxygène mais tous les lits de réanimation étaient occupés. Ils
sont allés à l’hôpital général, et compte tenu de la pandémie actuelle, tous
les lits de réanimation là-bas aussi étaient occupés. Et on leur a demandé de
venir ici à la polyclinique Marie O. Avec un diagnostic d’AVC, nous l’avons
admis en réanimation mais très rapidement, je me suis posé la question de
savoir pourquoi un malade d’AVC qui est un ancien hypertendu aurait des
difficultés pour respirer. Et sur ce, j’ai fait venir une ambulance médicalisée
et nous l’avons conduit dans un centre de radiologie de la place pour faire un
scanner cérébral et thoracique. Pourquoi j’ai fait ça ? Mais parce que de
l’expérience que nous avons, nous a montré que la covid donne plusieurs
pathologies. Elle est essentiellement pulmonaire parce que le virus entre par
les voies aériennes respiratoires, mais j’ai déjà eu ici une insuffisance
rénale aigue, nous avons eu deux cas d’an céphalées atteintes du cerveau à
covid, nous avons une forme digestive, et une forme pulmonaire. Le résultat par
scanner est venu. Il y avait des images de pneumopathies bilatérales en ver
dépoli type covid 19 qui atteignait plus de 60% des poumons. J’ai expliqué à
ses enfants que c’était très grave et qu’il avait des facteurs de comorbidité
c’est-à-dire son âge, son hypertension artérielle, et le fait qu’il avait fait
plusieurs AVC et que la situation était grave mais que nous allions le soigner.
Mais qu’il fallait qu’ils aillent à l’hôpital Laquintinie, parce que c’est le
centre de référence covid avec HPPL de Yassa. Ils ont dit non, qu’ils voulaient
que je le soigne ici. Je leur ai rappelé que le coût sera plus qu’à
Laquintinie, et ils ont signé l’engagement.
Effectivement, ils ont déposé la somme de 250.000 Fcfa. Là-dedans, il faut d’abord
retirer les frais de scanner et d’ambulance. Voyant qu’ils avaient des
difficultés, j’ai appelé mon confrère radiologue pour lui demander de faire des
prix spéciaux pour cette famille. Les deux scanners et l’ambulance ont été
facturés à moitié prix (le scanner cérébral coûte 100.000 il leur a été facturé
à 50.000Fcfa. Un scanner pulmonaire c’est 130.000, il leur a été fait à 60.000
Fcfa. Une ambulance médicalisée, dans le cas de covid 19, c’est 150.000 Fcfa.
Elle leur a été facturé à 70.000 Fcfa. Voilà les efforts que nous avons faits,
et nous avons soigné ce malade. Mais malheureusement, il est décédé lundi
matin. La famille ne posait aucun problème quand on leur a dit qu’il est
décédé. Sauf qu’ils ont voulu des arrangements que j’ai refusés. C’est-à-dire
que le chef de village attendait la dépouille parce qu’il était un notable dans
son village. Je leur ai dit que ce n’était pas faisable. Que pour des raisons
de sécurités prises par le gouvernement, de protections sanitaires nationales,
que les décès comme ceux-ci n’appartenaient plus aux familles, mais à l’Etat
qui allait encadrer le processus.
Nous avons appelé
la délégation régionale de la santé, qui devait envoyer une équipe pour les
prélèvements post-mortels pour les statistiques officielles et stériliser,
faire les mesures d’hygiène. Ils sont allés à Laquintinie acheter la housse
mortuaire, ils ont acheté le cercueil, ils sont venus avec le corbillard et
tout a dégénéré. Et c’est normal, car certains membres de la famille exigeaient
de voir le corps. Et c’est normal qu’ils n’aient pas vu leur père pendant
quatre jours, car c’est une maladie hautement contagieuse. On est obligé de
protéger tout le monde, et c’est la grande désolation pour tout le monde. Voilà
la situation. C’est tout !